Océan Indien: Les Etats côtiers s’accordent pour restreindre la pêche au thon

Les États de l’océan Indien ont approuvé à l’unanimité ce lundi la décision de suspension temporaire de l’utilisation de l’équipement industriel de pêche qui malmène sérieusement les stocks de thon. Cet accord représente une victoire importante pour les États dont les communautés côtières dépendent d’une pêche plus modeste pour leur survie.

La décision a été prise à l’issue de trois jours de négociations tumultueuses entre les 30 membres de la Commission de l’océan Indien sur le thon réunis à Mombasa, au Kenya. Lors de la rencontre, les pays en voie de développement s’opposaient aux membres de l’Union européenne, qui dépendent plus lourdement de senneurs à senne coulissante et des palangriers qui sont plus destructeurs pour l’environnement marin.

Selon le directeur scientifique du groupe français de protection des océans Bloom, Frédéric Le Manach,  la nouvelle résolution pourrait «finalement donner de l’espace à la reconstruction des populations de thon albacore et de thon obèse».

L’adoption de ces nouvelles règles s’est heurté à bien d’opposition notamment, le désaccord en fin de semaine du ministre kényan des Pêches  qui a retiré son appui, possiblement en réponse aux pressions de l’UE. Mais onze autres États, l’Indonésie en tête, ont obtenu l’adoption de la résolution.

«La persistance de tous les participants prouve que l’unité peut mener à une meilleure conservation et une meilleure gestion de la pêche au thon dans l’océan Indien», a dit à l’Associated Press le directeur de la délégation indonésienne, Putuh Suadela.

L’UE a précédemment été accusée de «tendances colonialistes» dans l’océan Indien et de subventionner ses pêcheries par le biais de quotas injustes et opaques. Plus de 200 000 tonnes métriques de poissons sont pêchées par ses membres chaque année dans l’océan Indien. L’institution européenne dispose maintenant de 120 jours pour contester la résolution.

«Les États côtiers sont encore intimidés par les nations de pêche en eaux lointaines, particulièrement par l’UE, a dénoncé M. Le Manach, (mais) ce qui s’est passé depuis trois jours envoie un message très puissant: l’époque de l’intimidation de l’UE est peut-être terminée.»